L’histoire et la théorie du fétichisme

Quelle importance peut avoir la présentation des recherches menées sur le fétichisme? Pour répondre à cette question, nous devons nous arrêter et regarder autour de nous. 

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Nous sommes littéralement entourés de fétiches, c’est-à-dire d’objets dotés de qualités liées aux relations humaines. Malgré leur apparence familière, c’est précisément en vertu de ces qualités qu’ils prennent une aura différente. Dans ce processus, des choses sans vie prennent vie et, en même temps, elles séduisent et fascinent les gens.

Toute discussion sur ces mécanismes nécessite une réflexion sur les processus cognitifs, focalisant l’attention non seulement sur les relations entre soi et les autres ou entre soi et le monde, mais aussi sur la relation de soi avec soi. C’est aussi un moyen de garder vivante sa conscience critique en entrant dans des lieux qui ne sont pas liés au monde réel et qui sont hors du temps : ces grottes platoniciennes où la fiction perd son cadre et où les frontières entre le monde réel et virtuel se heurtent. Les centres commerciaux – lieux où le consommateur est libre de regarder des produits fétiches sans nécessairement avoir à les acheter – en sont un exemple.

 

Les hypothèses théoriques et historiques qui sous-tendent le concept de fétichisme

Le mot «fétiche» dérive du portugais «feitiço». Et, puisqu’il se réfère à des objets de culte des peuples dits sauvages, on le trouve déjà dans les récits du XVIe siècle sur les voyages portugais en Afrique de l’Ouest. Ce mot, à son tour, vient du latin « facticius, » signifie artificielle. En tant que nom, le mot a également pris le sens de «sorcellerie» et sorcellerie. Par conséquent, il est un mot avec lequel les Européens ont indiqué à l’origine les cultes indigènes de la Guinée.

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Théorie du fétichisme de Charles de Brosses

Dans le chapitre précédent, j’ai présenté certaines des prémisses de la théorie de de Brosses. Avant que le président de l’Assemblée de Dijon ne se propose d’écrire sur le fétichisme, des discussions sur les fétiches guinéens étaient déjà apparues, parallèlement à des descriptions dans les récits de voyageurs. Et avaient été comparées à des phénomènes similaires communs chez d’autres peuples «sauvages». Au fur et à mesure que la méthode comparative gagnait du terrain, il devenait clair que son lien avec les théories sur le progrès de l’humanité empiétait sur la question de la religion et de son origine possible.

 

Le concept du fétichisme comme problème théorique et historique

En 1907, Marcel Mauss met fin au rôle que joue le concept de fétichisme dans le domaine de l’ethnologie et dans l’histoire des religions. En examinant un livre de Dennett pour «Année Sociologique», Mauss a observé :

« Au moment d’écrire l’histoire de la science des religions et de l’ethnographie, on s’étonnera du rôle immérité et fortuit que la notion comme celle de «fétiche» a joué dans les travaux théoriques et descriptifs. Cela ne correspond qu’à un immense malentendu entre deux civilisations, africaine et européenne; il n’a d’autre fondement qu’une obéissance aveugle à l’usage colonial, aux lingua francasparlé par les Européens sur la côte ouest. 

On n’a pas plus le droit de parler de fétichisme concernant les Bantous occidentaux qu’on ne peut être habitué à en parler à l’égard d’autres Bantous centraux ou orientaux. De même, on n’a pas le droit de parler de fétichisme nègre: l’idolâtrie guinéenne ou congolaise (c’est très rare), la sorcellerie congolaise, le tabou de la propriété, et d’autres, ne se retrouvent pas, au Congo ou en Guinée, de nature différente que celle d’autres religions ou d’autres sociétés. 

Au contraire, il est vraiment remarquable que le fait de ce qui semble être la vérité même concernant la notion de fétiche était connu depuis le XVIIe siècle…. Le succès du livre de de Brosses devait être dû à une sorte de simplicité, d’erreur, peut-être nécessaire, dans laquelle la science et l’étude des religions …

 

Théorie du fétichisme de Marx

La théorie de Marx du fétichisme de la marchandise a généralement été abordée et examinée sous deux points de vue principaux. Celui de son rapport à la notion d’aliénation et celui de son lien avec la théorie de la valeur.

Dans les deux cas, cependant, le problème central … Ou, si l’on veut, un obstacle à surmonter … A été et continue d’être celui du processus social qui conduit au phénomène de fétichisme de la marchandise. Et, par conséquent, à la pratique théorique utilisée  par Marx pour avoir décrit le phénomène.

Dans l’une des sections du Capital de Marx intitulée «Le fétichisme de la marchandise et son secret» (chapitre I, section 4), la notion de fétichisme assume une fonction analogique. Et, comme on le sait, pose à nouveau le problème des apparences. C’est-à-dire de l’écart existant entre un être social et les images «nébuleuses et fantastiques» qu’il assume lorsqu’il est vu et conçu par les hommes.

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Ce sujet revient tout au long de l’évolution de la pensée de Marx. Et prend une dimension de valeur spécifique dans la théorie du fétichisme de la marchandise. Puisque dans ce cas l’analyse de Marx ne se fait pas en termes généraux, comme dans l’Idéologie allemande. Il n’implique pas, en d’autres termes, un discours général sur l’application du matérialisme historique dans le cadre de la Relation entre «vie réelle» et «conscience» …  Mais implique plutôt une analyse dans un contexte spécifique. tel que celui incarné par la mode de production capitaliste.

 

Histoire, nature et système : la conception anthropologique de Marx

En se référant aux sociétés dites primitives dans son analyse du développement historique de la civilisation, Boukharine a fait valoir :

Dans l’ancienne société, toutes les activités sont consacrées à la sécurisation immédiate des denrées alimentaires, la chasse, la pêche, la cueillette des racines, l’agriculture primitive ; des «idées», de la «culture mentale», etc… Il y en a très peu ; il s’agit d’hommes qui ne sont guère plus que des singes, des animaux tribaux. […] La croissance de la production matérielle, l’augmentation du pouvoir de l’homme sur la nature, l’augmentation de la productivité du travail humain. Car, lorsque tout le temps disponible n’est pas consacré à un travail matériel épuisant, les gens sont libres une partie du temps. Ce qui leur donne l’occasion de penser, de raisonner, de travailler avec un plan, de créer une «culture mentale».

 

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Extraits du livre d’Alfonso Maurizio

 

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